Formation professionnelle continue : réglementation en question

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La formation professionnelle continue est au cœur des débats actuels, alors que les évolutions technologiques et économiques exigent des compétences toujours plus pointues. Les entreprises, conscientes de ces enjeux, investissent de plus en plus dans la montée en compétences de leurs salariés.

La réglementation en vigueur suscite des interrogations. Certains cadres légaux semblent inadaptés aux besoins réels des employeurs et des employés, créant des obstacles administratifs et financiers. Les acteurs du secteur plaident pour une réforme permettant une plus grande flexibilité et une simplification des démarches, afin de mieux répondre aux défis contemporains du marché du travail.

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Les obligations légales des entreprises en matière de formation professionnelle

Les entreprises sont tenues de respecter des obligations strictes en matière de formation professionnelle, en vertu du code du travail. La loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018, pour la liberté de choisir son avenir professionnel, a profondément modifié le paysage de la formation continue. Cette loi impose aux employeurs de former leurs salariés tout au long de leur carrière.

Les obligations des employeurs

  • Assurer l’adaptation des salariĂ©s Ă  leur poste de travail.
  • Veiller au maintien de leur capacitĂ© Ă  occuper un emploi.
  • Participer au financement de la formation professionnelle.

La loi 84-16 et le dĂ©cret 2007-1470 rĂ©gissent aussi la formation des fonctionnaires. Ces textes prĂ©cisent que les actions de formation peuvent ĂŞtre entreprises Ă  l’initiative de l’administration ou du fonctionnaire lui-mĂŞme. Les fonctionnaires ont droit Ă  un congĂ© de formation professionnelle, conformĂ©ment Ă  l’article 34 de la loi 84-16.

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Les dispositifs spécifiques

Les dispositifs de formation continue varient en fonction des besoins des entreprises et des salariés. Les principales mesures incluent :

  • Le Compte Personnel de Formation (CPF), utilisable tout au long de la vie active pour suivre une formation qualifiante ou certifiante.
  • Le Projet de transition professionnelle, permettant de financer des formations certifiantes pour changer de mĂ©tier.
  • La Validation des Acquis de l’ExpĂ©rience (VAE), pour obtenir une certification professionnelle ou un diplĂ´me.
  • La reconversion ou promotion par alternance (Pro-A), visant Ă  maintenir dans l’emploi les salariĂ©s les moins qualifiĂ©s.

Les entreprises doivent aussi organiser un entretien professionnel tous les deux ans pour envisager les perspectives d’évolution et les formations nécessaires. Le plan de développement des compétences, élaboré par l’employeur après consultation des représentants du personnel, structure ces actions.

Les réglementations en vigueur imposent aux entreprises une gestion rigoureuse de la formation professionnelle, avec des implications financières et administratives significatives.

Les dispositifs de formation continue disponibles pour les salariés

Les salariés peuvent bénéficier de divers dispositifs de formation continue adaptés à leurs besoins et à leurs aspirations professionnelles. Parmi les plus significatifs, figure le Compte Personnel de Formation (CPF). Ce compte, utilisable tout au long de la vie active, permet de suivre une formation qualifiante ou certifiante. En complément, le Projet de transition professionnelle offre la possibilité de financer des formations certifiantes pour ceux souhaitant changer de métier.

La Validation des Acquis de l’ExpĂ©rience (VAE) permet d’obtenir une certification professionnelle ou un diplĂ´me en valorisant les compĂ©tences acquises par l’expĂ©rience. La reconversion ou promotion par alternance (Pro-A), quant Ă  elle, vise Ă  maintenir dans l’emploi les salariĂ©s les moins qualifiĂ©s en leur permettant de se former par alternance.

Les employeurs doivent organiser un entretien professionnel tous les deux ans pour discuter des perspectives d’Ă©volution et des formations nĂ©cessaires. Le plan de dĂ©veloppement des compĂ©tences, Ă©laborĂ© par l’employeur après consultation des reprĂ©sentants du personnel, structure ces actions.

Un dispositif particulièrement pertinent pour les entreprises en transformation est le Transitions collectives (TransCo). Ce programme permet aux entreprises de former leurs salariés dans des métiers émergents, répondant ainsi aux mutations économiques.

Ces dispositifs offrent un cadre structuré, permettant aux salariés de se former en continu et aux entreprises de répondre aux besoins de compétences. Les entreprises doivent naviguer entre ces différentes options pour assurer la montée en compétences de leurs employés, tout en respectant les obligations légales en vigueur.

Le financement de la formation professionnelle continue

Les entreprises doivent contribuer au financement de la formation professionnelle et de l’apprentissage par le biais de diverses taxes et contributions. Parmi celles-ci, la taxe d’apprentissage se distingue. Les entreprises versent cette taxe pour financer l’apprentissage ainsi que les formations technologiques et professionnelles.

Un autre acteur clĂ© dans ce domaine est France compĂ©tences. Cet Ă©tablissement public gère l’ensemble des contributions des entreprises destinĂ©es Ă  la formation professionnelle et Ă  l’apprentissage. France compĂ©tences assure aussi la rĂ©partition de ces financements entre les diffĂ©rents opĂ©rateurs de compĂ©tences (OPCO).

Les dispositifs de financement incluent aussi le FNE-Formation. Ce fonds national pour l’emploi finance la formation professionnelle des salariĂ©s placĂ©s en activitĂ© partielle. Les entreprises peuvent solliciter ce fonds pour des formations visant Ă  maintenir ou dĂ©velopper les compĂ©tences des salariĂ©s.

Le Plan d’Investissement dans les CompĂ©tences (PIC) vise Ă  former un million de jeunes et un million de demandeurs d’emploi peu qualifiĂ©s. Ce plan, financĂ© par l’État, permet de proposer des formations adaptĂ©es aux besoins du marchĂ© du travail.

Le financement de la formation professionnelle continue repose sur plusieurs mĂ©canismes et acteurs, chacun jouant un rĂ´le prĂ©cis dans la rĂ©partition des ressources et l’organisation des programmes de formation. Les entreprises doivent naviguer ces dispositifs pour optimiser le dĂ©veloppement des compĂ©tences de leurs salariĂ©s.

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Les évolutions récentes de la réglementation en matière de formation professionnelle

Depuis plusieurs dĂ©cennies, la rĂ©glementation en matière de formation professionnelle a connu de nombreuses mutations. La loi de 1971 a Ă©tĂ© pionnière, instaurant l’obligation pour les entreprises de financer la formation de leurs salariĂ©s. En 1982, la loi de 1982 a renforcĂ© cette obligation en introduisant le droit Ă  la formation continue pour tous les salariĂ©s.

Les annĂ©es 1990 ont marquĂ© une nouvelle Ă©tape avec la loi de 1991, qui a mis l’accent sur la validation des acquis de l’expĂ©rience (VAE). La loi de 2002 a continuĂ© sur cette lancĂ©e en crĂ©ant le droit individuel Ă  la formation (DIF), prĂ©curseur du Compte Personnel de Formation (CPF). En 2014, une nouvelle rĂ©forme a consolidĂ© ce dispositif en remplaçant le DIF par le CPF, permettant ainsi aux salariĂ©s de cumuler des heures de formation tout au long de leur carrière.

La loi de 2019, dite ‘pour la libertĂ© de choisir son avenir professionnel’, a profondĂ©ment remaniĂ© le paysage de la formation. Elle a notamment introduit la monĂ©tisation du CPF, rendant ce droit transfĂ©rable d’un statut Ă  un autre. Jean-Philippe CĂ©pède, directeur du dĂ©partement Droit de la formation de Centre Inffo, souligne que cette rĂ©forme vise Ă  simplifier l’accès Ă  la formation et Ă  responsabiliser chaque individu dans la gestion de son parcours professionnel.

Le syndicat SNES-FSU milite pour une formation continue accessible Ă  tous, adaptĂ©e aux besoins des enseignants et dotĂ©e de moyens adĂ©quats. Nicole Pery, ancienne secrĂ©taire d’État aux droits des femmes et Ă  la formation professionnelle, a aussi contribuĂ© Ă  ces Ă©volutions, insistant sur l’importance de l’adĂ©quation des formations aux rĂ©alitĂ©s du marchĂ© du travail.